mercredi 22 janvier 2014

# A présent, vous êtes le héros

A défaut de sauver le Monde de l'Apocalypse, on va déjà essayer de sortir le pays de la Crise. 

Elisabeth est venue en suivant une nuque blonde, depuis elle l'a perdue et ne sait pas ce qu'elle fait là.

J'ai une super formule pour relancer la croissance. Le problème c'est que je ne maîtrise pas le sumérien, et comme j'ai pas Facebook c'est ultra compliqué. 

Elle ne sait jamais ce qu'elle fait, Elisabeth Ambrose, 26 ans, ci et là se déplace mais ne décide jamais. De rien, et pour personne, surtout pas pour elle-même. 

La question c'est : est-ce qu'on fonctionne comme une secte à but non lucratif, ou est-ce qu'on doit monter une association type loi 1901? 

Elisabeth comprend qu'il se passe quelque chose. Elle appelle qui elle peut, alors vous la rejoignez.

Les pavés, la courette, la loge, sûrement une loge, enjamber les tulipes, après cent mètres à gauche, fenêtre sur bégonias, vous êtes arrivés.

Elisabeth ne vous voit pas, vous êtes et resterez étrangers l'un à l'autre, que personne ne se fasse d'idée. Elisabeth, comme vous, saisit quelques échanges; des filles peignent des banderoles avec du sang de pigeons. 

Modifier le réel est devenu impossible : pratiquer la magie est la seule solution. 
Liberté, volonté, sororité. 
Magie pour tous !
Ensemble, exorciser les cerveaux du spectre de Thatcher est possible.
Le talisman, c'est maintenant !
Il existe une alternative : il suffit de la formuler.
Le Parti du Cercle : mieux que l'indignation et les jeux en réseaux.
Tout placard à balai séquestre sa sorcière.

Elisabeth ne vous voit pas. Elle tente de comprendre où elle est, et pourquoi ci et ça, il se passe trop de choses, elle aimerait s'intégrer, sans trop savoir pourquoi. Enfin si, elle le sait. Elle s'ennuie. Tout le temps, elle s'ennuie. Ici, il y a Le Parti du Cercle, une femme en kimono, les grains d'encens sont noirs et les bougies violettes. La femme, elle s'appelle comme elle veut, du coup, cette fois, c'est La Sibylle. 

La Sibylle, dans l'histoire, c'est l'Oracle, la Maîtresse du Jeu. Elle voit de temps en temps, sait lire, parle beaucoup, et chante aussi, malheureusement. La Sibylle est nomade, elle se promène en France, retournera en Italie. 

Vous voici devant la Sibylle, Elisabeth profite de votre inattention, elle se faufile, hop, c'est son tour.

La Sibylle ferme les yeux. Dit : L'ange qui parle par ma bouche a une voix de grenouille. Elisabeth est déstabilisée. La Sibylle est très solennelle, son costume de cérémonie, de près, les broderies, c'est un sacré truc. Elisabeth, ça l'impressionne. Vous, nettement moins. La Sibylle, en fait, c'est juste Chloé Delaume en kimono Dévastée et même pas en duo avec quelqu'un de connu. 

Elisabeth entend l'ange envahir sa tête, les syllabes nénuphars, comment écrire l'étang, dis-moi petit golem, quel goût a ton limon; es-tu, mon enfant satisfaite, c'est ce qui résonne dans sa tête, combien de princes, et de princesses, quels baisers, quels soupirs, combien de lunes passées sans le chant des grenouilles. 

Elisabeth ne vous voit pas. Et vous n'entendez rien du festin des grenouilles. Par contre, le long silence, sa blancheur à faire mal, les lèvres d'Elisabeth qui soudain ne tremblent plus. Vous vous en souviendrez peut-être. 

Elisabeth a répondu : Je veux être ma vraie nature.

C'est ensuite, et seulement ensuite, que les ennuis ont commencé.


                                               *

                                C'est à vous de répondre : 
                                Si Demander, c'est obtenir. 
                             Une question : que demandez-vous? 


3 commentaires:

  1. Je te prête mes profils si tu la forces à me voir. Pourtant moi non plus je ne suis pas très prêteuse aux Maitresses en tout genre. Elisabeth m'ignore depuis que tu l'encercles. Je retenais son souffle. Pendant la grève des post, j'ai déchiqueté sa langue à force de contenir les bourrasques de sa bouche. Et comme par magie, à ton retour, elle a pris ton parti, les lèvres en sang. Du Maître à la Maîtresse dis-moi quelle différence ? Le rouge sur la peau blanche ? Dans le cercle l'étrangère t'appartient. Dévastée ma petite étourdie. À coup de dolipranes, je traverse la crise personnellement. C'est pourquoi, même ici, je demande à me nommer comme je veux. Exit les secondaires. Moi aussi j'ai retenu la leçon. Jusqu'à l'amnésie de mon nom. Je suis la dépersonne.

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  2. J'ai le sentiment de mes huit ans dans la poitrine et un rire aux oreilles. Pas besoin d'empreintes digitales ou de scanner rétinien, les deux me sont familiers.

    Petit un le sentiment : le même depuis la primaire, celui qu'on met le doigt là où il ne faut pas : on croit qu'on en est et en on n'en n'est pas le chiasme n'y peut rien. Toujours un moment où ça foire. L'école c'est chouette mais il y a les récrés, le judo pas mal mais faut se fader les brutes qui vous démolissent l'entrejambe, le boulot ouais, carrément, jusqu'à l'apparition des petites luttes de pouvoir, il a eu le vidéoprojecteur hier, pourquoi pas moi aujourd'hui.

    Là c'est pareil.

    La magie je connais. Mais je tape plus dans le curatif, mot de pouvoir bouclier ou rénovation. La parole qui soigne. Les rituels aux ongles noirs ça me fait peur. Surtout que bon. Homme quoi. Ennemi potentiel, déception quasi-certaine.

    Pourtant, transition, petit deux, le rire. Celui de la sorcière.
    Parce que sorcière il y a au creux de mon cortex.
    Ce n'est pas une coquetterie, je commence toujours par le préciser les trois quatre fois où j'en parle, ce n'est pas un délire, ce n'est pas pour faire l'in-té-ré-ssant ("arrête de faire ton intéressant, reprend donc du jurançon"). Ça n'est pas une muse une tumeur ou une maladie honteuse, c'est une sorcière.

    Envahi il y a trois ans dans un train de nuit j'aurais dû dormir comme tout le monde. Le sommeil protège tant pis pour moi. Depuis sorcière. Au détour des mots et des phrases.
    Sorcière qui s'est lancée sur la piste d'Elisabeth. Et qui maintenant se barre.

    Je proteste, c'est quoi ces conneries, ça doit être à ce moment qu'Elisabeth me passe devant. Tu peux pas me laisser pour l'instant, pas maintenant je vais faire des conneries, tourner dans le sens des aiguilles d'une montre alors que non non, sens inverse évidemment, évoquer Cthulhu alors qu'il est persona non grata en ces murs, je vais terminer énuclée et nouvelle preuve que le masculin, vraiment, c'est du grand n'importe quoi.

    Nouveau rire. Rencontrer celle qui s'appelle la Sybille, c'était pas un de tes putains de fantasmes ? Et maintenant tu chouines ? Mais tu n'es jamais content ma parole. Je reviens il y a un souci dans leur formule. On ne tricote pas les runes dans ce sens là.

    Refus de mes supplications, elle est déjà loin. Alors il n'y a plus qu'à. Les yeux sur la blancheur d'Elisabeth, jusqu'à ce que grâce hurle la rétine. Et quand elle s'écarte s'avancer. Au Pays d'Oz où les sorcières ont peur de l'eau pose, mais pose ta question, demande. Un coeur un cerveau du courage ? Normalement tu saurais, tu saurais que dire. Les gens tu connais, tu sais. Dans le regard, la ligne de la mâchoire un geste des doigts tu lis. Comment se connecter. Trouver le sourire.
    Pas de bol rencontre en écriture. LV2 que tu pratiques avec plaisir mais sans réviser comment veux-tu progresser ?
    Pas de sorcière pour te souffler ses absolues subtilités, pouvoirs neutralisés. Être dénué, demande.

    "Je veux m'enfoncer plus loin dans la forêt."

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  3. Elisabeth m’appelle et j’accoure.
    Il pleut en bas de chez elle. Je la sonne pour qu’elle nous ouvre à mon parapluie et moi.
    Je rejoins malgré moi une rousse qui m’a délaissée pour une blonde et qui finit happée par une brune en kimono…
    Je l’ai faite et elle ne me voit pas. Je suis une étrangère pour elle alors que je l’ai composée. En partie et de parties. Elle me fait ce qu’elle a fait à sa mère.
    C’est un cadavre exquis qui ne me parle pas mais qui lui dit à elle : Je veux être ma vraie nature.
    Si demander, c’est obtenir alors je réclame qu’Elisabeth me voit sinon elle mourra avec son secret, cadavre délicieux.

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